Associé du Groupe Mandarina, co-fondé par Philippe Pinault, Luc Bretones contribue au développement des trois sociétés qui le constituent : NextGen qui fédère une communauté internationale de l’innovation managériale et accompagne les dirigeants dans la transformation, Talkspirit, le réseau social d’entreprise et Holaspirit, la plateforme de travail au quotidien pour les organisations ayant adopté une gouvernance partagée et déployé l’agilité à l’échelle. Il a eu l’occasion de rencontrer, avec Philippe Pinault et d’autres représentants des filières cloud et SaaS (logicielle) françaises, Cédric O, Ministre chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, au siège d’OVH Cloud à l’occasion de l’annonce du plan de soutien à la filière cloud.
Le choix d’OVH Cloud pour accueillir cette belle annonce ne laisse rien au hasard. Octave Klaba, le fondateur et président du conseil d’administration et Michel Paulin, son directeur général ont fait la fierté de la frenchtech avec leur introduction en bourse réussie à Paris, là où d’autres champions français et européens préfèrent maximiser leurs gains court terme – et peut être long terme – en choisissant par exemple le Nasdaq américain. L’appétit des investisseurs particuliers constitue un potentiel important pour la French Tech.
Comme le remarque Michel Paulin, les acteurs américains et chinois, qui trustent sans conteste les premières places des entreprises dont les valorisations sont les plus importantes du monde, ont profité d’un environnement favorable dans leur pays. Leur marché intérieur a toujours représenté un formidable levier de projection extérieure, sous l’ombrelle de coûts marginaux laminés par des rendements d’échelle de dimension continentale. Les politiques et régulations domestiques fortes, associées à des financements publics considérables ont fait grandir à grande vitesse des géants continentaux, taillés pour la compétition mondiale. A titre d’exemple, en 2018, les Etats-Unis avaient investi 280 milliards de dollars en R&D, en progression de plus de 50% en 5 ans pour environ 40% des sommes connues dans le domaine au niveau planétaire ! La part publique dans ce total est de près de 40%, en forte augmentation et orientée vers les labos publics, les universités, les startups et les grands groupes. Rajoutez à cela une politique de crédit d’impôt de 20 à 25% sur la R&D, et vous saisissez la puissance de financement de l’innovation à l’œuvre Outre-Atlantique.
L’Etat français et l’Europe peuvent adopter une dynamique similaire, car comme l’a rappelé Cédric O, “la bataille du cloud n’est pas perdue ; le chemin de crête entre les questions technologiques, légales, européennes, des clients et des fournisseurs est étroit mais existe”.
A l’aune des blocs dominants de l’Internet mondial, il semble important que l’Europe impose de nouvelles règles du jeu pour le cloud afin de faire émerger de la diversité. Le DMA – Digital Market Act – peut nous permettre d’y arriver, à condition d’inclure le cloud dans son champ, à l’occasion de la présidence française de l’Union Européenne début 2022. Il est d’autant plus important de bien préciser ses détails car, comme règlement européen, il est d’application immédiate, sans besoin de transposition législative nationale comme dans le cas d’une directive.
Comme le précise Laurence Daziano, économiste et directrice de la stratégie et des affaires juridiques de Voyages SNCF, “il s’agit de proposer des conditions avantageuses aux acteurs non visés par la régulation, ici les entreprises numériques n’atteignant pas les seuils pour être rangées dans la catégorie des « gatekeepers » (points d’accès). La mise en place de seuils vise à pénaliser les entreprises qui sont déjà trop grosses, sous-entendu les entreprises américaines”. Les enjeux sont désormais de clarifier l’imprécision de certaines dispositions et ”la nécessité de ne pas « obstruer » la création de champions numériques européens”.
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