Nouvelle alerte sur l’inaction du gouvernement en matière de protection des données de santé des Français
Paris, le 8 février 2024
Paris, le 8 février 2024
Après la publication de la délibération n°2023-146 de la Commission nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) dans laquelle elle autorise la Plateforme des données de santé (PDS) à constituer l’entrepôt Emc2 pour une durée de trois ans, Catherine Morin-Desailly, Présidente de la commission spéciale du Sénat sur le projet de loi visant à sécuriser et réguler l’espace numérique, a une nouvelle fois interrogé le Premier ministre sur la protection des données de santé des Français.
Dans un courrier en date du 5 février, la Sénatrice note le constat formulé par la CNIL, partagé par les acteurs de l’informatique en nuage, sur l’inaction du gouvernement et de la Délégation au numérique en santé (DNS) pour stimuler une offre européenne. La CNIL déplore en effet « qu’aucun prestataire susceptible de répondre actuellement aux besoins exprimés par le GIP PDS ne protège les données contre l’application de lois extraterritoriales de pays tiers » et ajoute regretter « que la stratégie mise en place pour favoriser l’accès des chercheurs aux données de santé n’ait pas fourni l’occasion de stimuler une offre européenne à même de répondre à ce besoin.»
Depuis le 16 juillet 2020, la Sénatrice n’a eu de cesse d’alerter le gouvernement sur l’administration de la Plateforme des données de santé. Après l’attribution de sa gestion à Microsoft sans recourir à un appel d’offres spécifique, elle interpellait Cédric O, Secrétaire d’État en charge du Numérique, à ce sujet. Le 23 octobre 2020, après l’invalidation du « Privacy Shield », accord de transfert des données entre l’Union européenne et les États-Unis, par la Cour de justice de l’Union européenne, elle a adressé avec ses collègues un courrier à M. Jean Castex pour l’interroger sur les intentions du gouvernement s’agissant du devenir de la plateforme. Le 19 janvier 2022, alors que le gouvernement venait de retirer la demande d’habilitation de la Plateforme des données de santé auprès de la CNIL, elle insistait dans une question d’actualité sur la nécessaire souveraineté des données des Français et sur le coût exorbitant de la plateforme, s’élevant alors à 80 millions d’euros. Enfin, le 18 décembre 2023, elle écrivait à la Première ministre, Mme Elisabeth Borne, avec M. le Député Philippe Latombe, pour dénoncer les conditions de réalisation de l’appel d’offres lancé par la Plateforme des données de santé pour le projet Emc2.
Si la décision de la CNIL est fondée en droit, Catherine Morin-Desailly comprend les vives réactions qu’elle a suscitées chez les acteurs français et européens. C’est la raison pour laquelle la Sénatrice demande au gouvernement d’agir enfin pour la protection des données sensibles de nos concitoyens. Le déploiement d’une politique industrielle volontariste et stratégique en soutien à l’écosystème français et européen, déjà existant, est absolument nécessaire. Les mesures justement proposées par le Sénat dans le cadre du projet de loi pour sécuriser et réguler l’espace numérique doivent être confortées par le gouvernement. Les articles 10bis A et 10bis B, en particulier, permettraient l’établissement d’un cadre juridique au service de la filière française et européenne et encourageraient la commande publique auprès d’entreprises se substituant aux acteurs extra européens.
Catherine MORIN-DESAILLY